C'est décidé, désormais je prends soin de moi aussi

Le jour où, j'étais sur le point de naître à nouveau

Ce jour-là, fait qu’ici et maintenant, je sais et comprends toute l’incroyable belle vérité, qu’il y a dans cette pensée : « Une même chose a différentes faces, selon qu’on la regarde différemment; et de la vient que les uns prennent plaisir à tout et les autres à rien. ».
Cette vérité, nous vient de monsieur Baltazar GRACIAN.

La musique/fréquence de fond, que j’écoute en vous écrivant cette page :



L’odeur dans les hôpitaux a une saveur parfois, amer dans tous les sens que peut comporter le mot amer. Ce goût et ce ressenti âcre, je l’avais aussi, à l’intérieur de moi, allongée dans ce lit d’un blanc immaculé, dans cette pièce aseptisée, perdue au milieu de d’autres mêmes pièces, dans ce service neurologique de Rennes, où l’on m’avait transporté après des séries de tests effectuées, dans un autre hôpital.

Durant tout le trajet, j’étais comme insensible à ce que je pouvais entendre de la situation. Situation qui était à tout y repenser que le résumé de ma propre situation.

J’avais l’impression que l’on parlait d’une autre femme âgée de 36 ans. Pourtant, durant de longues années professionnelles en milieu hospitalier, j’avais entendu bien des « choses » dramatiques concernant les AVC mais, paradoxalement, à ce moment de ma vie, je ne me sentais pas concernée par le discours alarmiste des urgentistes.

J’ai toujours fuis les actualités négatives diffusées par les médias, écrites dans les journaux. Alors, pourquoi aurais-je commencé à écouter d’une oreille attentive, ces actualités diffusées comme sur un téléviseur invisible et répandant des flots de négativités par rafales ?

J’étais physiquement là, chaussée de mes baskets mais, je me sentais littéralement à coté de celles-ci. Comme suspendue, hors du temps, j’avais une sensation étrange d’être une marionnette, attendant que la main censée l’animer, la fasse bouger, la fasse vivre ce qu’elle devait vivre.

L’impuissance, le lâcher prise sur le devenir de mes heures à venir. Lâcher prise tout de même forcé mais, qui présentait le doux mérite d’être total. Une fois allongé dans ce lit, branchements effectués de partout par ce jeune homme qui me souriait avec une moue qui en disait rien de bon.

Je me souviens avoir pensé, qu’il était hallucinant ce jeune homme car, il était en parfait équilibre entre le soignant qui se veut rassurant et le soignant pas rassuré lui-même en me regardant.

De là, ce fut le commencement d’un questionnaire qui reviendra de manière récurrente toutes les demie-heures, pour s’assurer que mes branchements internes étaient encore fiables. Comment vous appelez-vous ? Quel âge avez-vous ? Nous sommes quel jour ? À l’horloge vous y lisez quelle heure ? Savez-vous pourquoi vous êtes là ? Etc…

L’émotionnel m’avait quitté. Je ne ressentais plus rien d’autre que l’acidité de la situation mais, en gentille bonne « marionnette » je répondais inlassablement.

Au fil des heures, l’indifférence totale qui pouvait être la mienne dans l’ambulance, s’était progressivement changé en inquiétude. Avec toutes leurs questions, leurs visages sérieux et leurs sourcils haussés, ils avaient fini par remettre mon mental en action.

En plus, de leurs questions, comme si, j’en n’avais pas encore assez des leurs, je m’en rajoutais une série avec mes questions intérieures arrivantes par vagues dans ma tête en vrac :
Ouais ok, et concrètement ? Il va se passer quoi maintenant, dans ce joyeux bordel de ce qui reste de moi ? Vais-je perdre l’usage de ma mobilité ? Vais-je perdre la raison ? Vais-je m’en sortir de ce bourbier ? Mes enfants...Comment vais-je faire si... ? et José ? Comment va-t-il faire ? Á ce stade de l’expérience, je commençais à « dealer » mentalement avec ma vie...avec mes morts.

Je me souviens que j’en étais même venu à une question déconcertante : Ma vie reviendra t-elle comme avant ? Comment là, je pouvais, en telle circonstance, demander qu’elle revienne comme avant alors que depuis des mois et des mois, je voulais que cette vie change.

L’exaucement total de mon vœu qui était tout aussi total dans sa réalité car, là, du changement j’en voulais, du changement, j’en avais !

Et encore, j’étais loin de m’imaginer à quel point, ils allaient être nombreux ces changements et à quelle intensité ici-même, je vis désormais ma vie, grâce à tous ces chamboulements intérieurs et extérieurs vécus, aux fils de mes ici et maintenant après cette expérience-là.

« Personne ne peut revenir en arrière et créer un nouveau départ, mais tout le monde peut commencer aujourd’hui à créer une nouvelle fin »

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